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Torre de Babel Ediciones

UN OFFICE BOUDDHIQUE AU MUSÉE GUIMET

DHARMA – Budismo Zen


Sunyata

Un office bouddhique au Musée Guimet

L. C
 

Revue de l’histoire des religions,  tome XXIII, pp. 212-217. 1891. Paris, Ernest Leroux, Éditeur

Une intéressante cérémonie, véritable document scientifique, a eu lieu le 21 février au Musée Guimet, devant environ trois cents invités.

Deux prêtres bouddhistes japonais, de la secte Sïn-gon, MM. Kô-Idzumi Riau-taï et Yoshitsura Hôgen, de passage à Paris, avaient demandé l’autorisation de se servir des objets de leur culte figurant dans les collections de cet établissement pour célébrer l’office d’actions de grâce Hau-on-kau, en l’honneur de Shin-ran fondateur de la secte. Leur règle impose la célébration de cet office deux fois par an, dans le premier et le onzième mois; mais il leur avait été impossible de remplir ce devoir pendant leur voyage faute des objets sacrés indispensables.

La permission, comme on peut le penser, fut accordée avec empressement.

Au fond de la salle de la bibliothèque, transformée en chapelle pour la circonstance, se dressait un autel, supportant l’image du Buddha Amida (sk. Amitâbha), orné de lampes, de chandeliers, de vases de fleurs, de deux portoirs à offrandes chargés de petits gâteaux de diverses couleurs faits suivant les rites, et de coupes de porcelaine en forme de fleur de lotus épanouie contenant une petite quantité de riz, trois fois lavé, cuit à l’eau et au sel.     

A gauche, dans un tabernacle en laque brune, est placée l’image du grand prêtre Shïn-ran.

Devant l’autel, sur une table de laque, fume un brûle-encens. À droite et à gauche des vases de fleurs et deux petites tables supportant les plateaux à offrandes de fleurs, les encensoirs, la clochette, et les éventails de cérémonie des prêtres. Derrière chaque table se trouve le fauteuil d’un des officiants.

Le son d’une cloche placée dans une salle avoisinante annonce le commencement de la cérémonie.

Les deux prêtres pénètrent dans la salle suivis des assistants.

Ils joignent les mains et saluent neuf fois, en se prosternant le front contre terre, le Buddha Amida.

L’un d’eux frappe trois fois le bassin métallique appelé Doo-ra, sorte de gong, pour éveiller l’attention des êtres des trois mondes.

Puis, chacun à son tour récite deux fois, en pâli, la gâthâ suivante, pendant que l’autre offre l’encens allumé :

Sabba pâpassa akaranam

kusalassa upasampadâ

sacittapariyo dapanam

etam Buddhânâ sâsanam.

(Traduction). — Ne faites aucune mauvaise action;

Accomplissez toute bonne œuvre;

Purifiez vos pensées;

Voilà l’enseignement des Buddhas.

Un coup frappé sur la plaque sonore métallique, Kéï, appelle de nouveau l’attention des êtres des trois mondes. La même précaution est prise avant de commencer chaque prière.

Les prières consistent en :

1° Récitation de stances sanskrites, traduites en chinois, invitant tous les Buddhas à se rendre dans l’enceinte consacrée où on leur offrira des fleurs, représentées par du papier doré découpé en forme de feuilles de figuier.

2° Lecture en sanskrit du Sukhâvatî-Vyûha-Sûtra, ou Sûtra d’Amitâbha, sûtra fondamental de la secte Sïn-siou.

3° Répétition, à neuf reprises, de la formule Namou Amida Boutsou «Adoration au Buddha Amida».

4° Un hymne composé jadis en japonais par Shïn-ran :

«Dans l’éclat du Buddha Amida, dont les rayons pénètrent tout l’univers,

«Rayonne la lumière de la Pureté, de l’Allégresse et de la Sagesse.

«0 merveilleuses vertus de cette lumière qui apporte des bienfaits aux êtres de tous les mondes !»

5° Autre hymne du même auteur :

«Réduisez votre corps en poudre pour reconnaître les mérites du miséricordieux Tathâgata.

«Épuisez vos forces pour rendre grâce aux mérites de votre Maître et de votre grand prêtre.»

6° Une stance chinoise exprimant le vœu que les mérites qui résultent de cette cérémonie se reportent sur tous les êtres de l’univers.

L’office est terminé. Trois coups frappés sur le bassin métallique en annoncent la conclusion aux Buddhas et aux autres êtres spirituels.

Alors les deux prêtres vont offrir l’encens devant l’image de Shïn-ran et prononcent ses louanges en deux discours composés par eux pour la circonstance, dont nous devons la traduction à l’obligeance de M. Motoyosi-Saïzau.

Discours de M. Kô-Idzumi Riau-taï :

«Il est écrit dans le livre Daï-tsi-dô-ron que celui qui ne connaît pas la reconnaissance est au-dessous d’un animal.

«Un fils qui ne pratique pas la piété filiale n’est pas reconnaissant envers son père. Un serviteur qui ne sait pas rendre ses devoirs à son maître n’a pas de reconnaissance.

«Je suis un fils bien-aimé du Buddha, un serviteur de la très vénérable religion bouddhique. Si je ne pratiquais pas la piété filiale et l’obéissance envers mon maître, Shïn-ran Kén-sin-daï-shi, je ressemblerais à un animal et je mourrais de honte.

«Nous portons la robe des prêtres; nous ne cultivons pas la terre comme les paysans; nous n’élevons pas de vers à soie. Pourtant nous ne souffrons pas de la faim et nous sommes velus.

«Si nous jouissons de ces bienfaits, si nous pouvons parcourir l’Europe, nous le devons à notre empereur, au Buddha, à nos parents, à tout le monde. Si nous sommes heureux dans cette vie, si nous l’avons été dans nos existences antérieures, c’est grâce au fondateur de la doctrine Sïn-siou, Shïn-ran Kén-sin-daï-shi, qui a enseigné la voie du Nirvana et le moyen de guider les hommes vers la paix et le bonheur.

«Kén-sin-dai-shi a promis à tous les hommes le Nirvâna.

«Après nous avoir montré que nous sommes condamnés à souffrir aujourd’hui, que nous devrons souffrir demain et toujours, il nous a ouvert une porte pour échapper au mal. Il a enseigné aussi comment il faut gouverner les hommes pour qu’ils puissent vivre heureux et devenir de plus en plus intelligents et sages.

«Kén-sin- daï-shi nous a fait comprendre la conséquence de nos actions: si nous faisons le bien aujourd’hui, nous en recueillerons nécessairement le fruit demain, et il en est de même pour le mal. Il nous enseigne la fraternité et l’égalité devant la loi naturelle qui est juste pour tous. Il nous enseigne à être bons, tolérants, pleins d’amour pour tout le monde. Il nous apprend à rendre à chacun ce qui lui est dû, depuis l’empereur et les grands jusqu’au plus humble parmi le peuple. C’est ainsi que l’on apaise les contestations et les querelles, et que l’on fait régner la tranquillité parmi les hommes. Si tout le monde est en paix dans une contrée, la contrée devient riche. Si le pays est riche, les soldats sont forts, la confiance est partout, tout le monde se réjouit. Quand la satisfaction est générale la vie est sans nuages, et quand la vie est sans nuages que peut-on demander de plus?

Il y a sept cents ans que la doctrine Sîn-siou existe au Japon. Elle a enseigné aux hommes à vivre en paix et à atteindre le Nirvâna. Avec cette doctrine une nation ne peut pas disparaître. Sans elle, les uns dégoûtés du spectacle de la vie iraient dans les montagnes chercher au milieu de la solitude le repos et la vérité; les autres donneraient libre cours à toute la violence de leurs passions.

«Ah! rendons grâce à Kén-sin-daï-shi d’avoir enseigné sa doctrine! Nous qui devons notre subsistance à Kén-sin-daï-shi, nous sommes heureux de pouvoir, à cinq mille lieues de notre patrie, lui témoigner notre reconnaissance en célébrant cette cérémonie en son honneur.

«C’est pourquoi nous exprimons à M. Emile Guimet, qui nous a fourni le moyen d’accomplir publiquement ce devoir, et à vous, Mesdames et Messieurs, qui nous avez fait l’honneur d’assister à cette cérémonie, notre profonde gratitude dans cette vie, et l’espérance que vous goûterez avec nous le bonheur dans la vie future.

«Permettez-nous de vous faire connaître, en terminant, notre ardent désir de répandre quelques semences du bouddhisme, et le souhait que nous adressons à la France de voir bientôt éclore chez elle les germes de la Bonne Doctrine.»

Discours de M. Yoshitsura Hôgen:

«Humble prêtre de la religion du Buddha, je me tiens debout avec respect devant son image et je brûle du désir de recevoir son inspiration !

Enfant de l’Orient, venu dans cet extrême Occident qui ignore le culte du Buddha, combien je suis sensible à l’accueil bienveillant que j’y trouve! Je m’empresse de témoigner toute ma reconnaissance et d’adresser mes remerciements aux personnes qui nous ont fait l’honneur de donner plus d’éclat par leur présence aux hommages que nous venons de rendre à Kén-sin-daï-shi.

«Nous ne dissimulons point que notre vœu le plus cher est de voir la France devenir un foyer de développement pour la doctrine bouddhique.

«Paris est un grand centre de civilisation matérielle. Nous espérons qu’il deviendra bientôt une des routes de la vérité immatérielle. Alors, grâce au Buddha, le peuple parisien goûtera un bonheur qu’il lie connaît pas encore au milieu des peines de la vie de concurrence et de lutte. Son âme aura atteint toute sa perfection.

«Le Buddha a voulu faire connaître aux hommes cette loi, que tout le mal qu’ils font leur est compté dans leurs vies suivantes. Toute douleur retombe sur celui qui l’a causée. La pratique convaincue de la doctrine bouddhique aurait donc pour effet de mettre fin aux luttes, aux abus des passions, et aux misères qu’ils engendrent.

«Le résultat de toute bonne action est heureux, celui de toute mauvaise action est funeste. Telle est la Loi universelle.

«La religion bouddhique s’est donné la tâche de faire triompher le sentiment de cette vérité. Nous sommes heureux de ne pas quitter l’Europe sans avoir eu l’occasion d’y jeter, au moins une fois, quelques germes, si rares et si légers qu’ils soient, de son enseignement.

«Ne m’en veuillez pas pour le vœu étrange par lequel je termine ces mots. La meilleure expression de gratitude, dans ma pensée de bouddhiste, c’est le souhait que je vous fais à tous d’obtenir une heureuse condition dans votre vie future!»

Cette cérémonie était empreinte d’un remarquable sentiment de grandeur et différait entièrement de celles que célébraient les bonzes annamites aux Invalides pendant l’Exposition.

L. C.

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